Le métier en héritage [ Ce n'est pas tous les jours dans une vie d'artisan qu'on a l'occasion de rencontrer un ministre, encore moins dans son propre atelier. La famille Detallante, ébéniste à la tête des Meubles Normands, basés à Barquet, a eu l'honneur d'accueillir Frédéric Lefebvre, ministre chargé du Commerce, de l'Artisanat et des PME lors de sa visite dans le département vendredi. Sans plus d'émotion que ça, mais avec la même gentillesse et les mêmes égards qu'ils réservent naturellement à leurs clients fidèles, Evelyne et Denis Detallante, entourés de leurs enfants et de leur personnel, ont ouvert grand leur porte au représentant du gouvernement, accompagné, entre autres, du préfet de l'Eure, Dominique Sorain, du député Jean-Pierre Nicolas et de Guy Lainey, président de la Chambre des métiers et de l'Artisanat de l'Eure. De père en fils et filles L'objet de cette visite ministérielle : illustrer par un exemple parlant le thème de la formation en alternance. Et en la matière, Denis Detallante et son épouse sont intarissables, même si, à vrai dire, ils sont loin de revendiquer une exemplarité particulière. C'est sans doute que pour ces artisans installés depuis quarante ans dans ce petit village du canton de Beaumont-le-Roger, transmettre le goût du travail bien fait et celui du métier qui les passionnent, c'est une question de bon sens. Et peut-être même de gènes. Preuve en est leurs trois enfants. Delphine Berthelin et Nicolas Detallante, qui après leurs formations respectives ont rejoint l'entreprise familiale, tout comme leur sœur Cécile actuellement en formation. Peuvent en témoigner aussi les vingt-deux apprentis qui ont fait "leurs classes" ici, comme Manuella Resuche, 15 ans, actuellement en apprentissage. Un chiffre qui surprend leur maître de stage : "J'ignorais qu'on en avait eus autant, en effet. Mais c'est normal de leur apprendre le métier comme on nous l'a appris, non ?", lance Denis Detallante, qui préside chaque année le jury chargé d'évaluer les jeunes Normands en formation d'ébénisterie. "On leur passe le flambeau", glisse Evelyne Detallante. Et les entrepreneurs leur donnent leur chance aussi, les places en apprentissage dans ce secteur d'activité ne couvrant pas les demandes d'après eux. La relève est donc assurée, mais pour autant l'avenir n'est jamais acquis. Denis Detallante, aujourd'hui en retraite, est donc particulièrement attentif aux annonces du gouvernement et de ses détracteurs concernant la défiscalisation des heures supplémentaires. "Nos employés font cinq heures de plus par semaine, sans charges sociales pour nous, et ils ne payent pas d'impôts dessus. Ca nous a permis de les motiver. Sans eux, il n'y aurait pas d'entreprise." Message entendu par Frédéric Lefebvre : "Nous n'allons pas supprimer ce dispositif". a-t-il assuré avant de reprendre la route vers d'autres petites entreprises. ] |